Une molécule géante contre le virus Ebola ?
Une équipe internationale de chimistes a développé une méthode ultra-rapide pour réaliser la synthèse de molécules ramifiées géantes, dotées d'une activité antivirale. En effet, ces méga-molécules inhibent très efficacement l'entrée du virus Ebola dans des cellules en culture : leurs très nombreux bras (jusqu'à 120) portent des sucres qui se lient fortement au récepteur utilisé comme porte d'entrée par le virus. Ces travaux, réalisés par des chercheurs du Laboratoire de chimie moléculaire de l'ECPM (CNRS/Université de Strasbourg) et du Laboratoire de conception et application de molécules bioactives (CNRS/Université de Strasbourg), en collaboration avec des chercheurs belges et espagnols*, ont été publiés le 9 novembre 2015 dans la revue Nature Chemistry.
*Universidad Complutense (Madrid, Espagne), Universidad de Sevilla (Seville, Espagne), Université de Namur (Belgique), Laboratorio de Microbiología Molecular (Madrid, Espagne).
Dendrimère géant comportant 120 unités mannoses périphériques (diamètre : environ 5 nanomètres). Le fond de l'image représente des agrégats de la méga-molécule observés par microscopie électronique à transmission. En bas : le virus Ebola (pas à l'échelle).
La caractérisation d'une molécule de cette taille est un vrai défi : elle a nécessité de mobiliser une batterie de techniques : microscopie électronique (qui permet d'en déterminer la forme),: RMN, spectroscopie infrarouge à transformée de Fourier et spectrométrie photoélectronique X (pour la composition), diffusion dynamique de la lumière (pour la taille).
Ce composé a une très forte affinité pour le récepteur DC-SIGN qui est utilisée par le virus Ebola (représenté au bas de la figure) pour s'introduire dans sa cellule hôte. Il se lie à DC-SIGN, empêchant ainsi l'interaction entre le virus et le récepteur, ce qui a pour effet de bloquer l'entrée du virus au sein de la cellule.
© Jean-François Nierengarten
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Références
Synthesis of giant globular multivalent glycofullerenes as potent inhibitors in a model of Ebola virus infection, Antonio Muñoz, David Sigwal, Beatriz M. Illescas, Joanna Luczkowiak, Laura Rodríguez, Iwona Nierengarten, Michel Holler, Jean-Serge Remy, Kevin Buffet, Stéphane P. Vincent, Javier Rojo, Rafael Delgado, Jean-François Nierengarten et Nazario Martín. Nature Chemistry, 9 novembre 2015.
DOI : 10.1038/nchem.2387
Contact chercheur
Jean-François Nierengarten
Laboratoire de chimie moléculaire - Équipe de chimie des matériaux moléculaires
Courriel : nierengarten@unistra.fr
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